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SarannelStories
28 juin 2012

La Fresque

   Comme si elle lisait dans ses pensées, celle-ci se tourna vers lui et sa voix résonna dans l’antique sanctuaire.

-          As-tu peur, jeune elfelin ?

   Fae’lin hocha la tête imperceptiblement.

-          Alors tu es plus sage que ton âge le laisserait supposer. Craindre l’inconnu n’est pas une honte, pas plus que ne l’est la crainte de son ennemi. Mais il te faut surmonter ta peur. Tu dois ouvrir le Coffre. »

   L’elfelin tremblait. Hésitant, il leva les yeux vers l’être qui le dominait de toute sa taille. Il chercha le visage étrange, si doux et si terrible à la fois, et son regard rencontra celui de la créature.

   Bien qu’elle se tînt parfaitement immobile, ses yeux brillaient d’une flamme mystérieuse et ne cessaient de scruter les ténèbres, comme à la recherche d’une menace invisible. Fae’lin suivit son regard mais ne vit rien d’autre que les ombres tourbillonnantes. Ca et là, une étincelle passagère, surgissant du néant, illuminait un motif inconnu gravé dans les parois rocheuses du temple. Dans l’éclair évanescent, l’elfelin croyait discerner des formes merveilleuses, s’entrelaçant en une fresque immense, encerclant parfois, comme avec amour, des scènes figées, souvenirs de temps immémoriaux et des batailles depuis longtemps oubliées.

    Fasciné, le petit être fit un pas hors du cercle de lumière que suscitait la vasque iridescente.

   L’être qui avait pris possession du corps de son grand-père riva son regard sur lui, mais il l’ignora, poussé par un désir aussi soudain qu’irrésistible. Plongeant dans les ombres, il s’approcha de la fresque qu’il avait cru entrapercevoir un bref instant, éclairée par l’une des éphémères étincelles. Loin de l’éclat de la vasque de lumière, il peinait à en discerner le tracé, toutefois en tendant la main il sentait le grain de la pierre sous ses doigts. La pierre avait une âme, il le sentait, et une histoire. Il sentait son incroyable ancienneté, témoin vivante d’un âge depuis longtemps disparu. Il vit, l’espace d’un infime instant, le monde tel qu’il avait été à l’époque de sa construction : plongé dans le chaos, subissant les ravages d’une guerre telle que le monde n’en avait jamais vu et n’en reverrait plus – jusqu’au Jour de l’Aube Noire.

   Ses doigts glissèrent plus bas, quittant les entrelacs de plante gravée -  de quelle plante il s’agissait, Fae’lin n’aurait pu le dire, car quelle plante pouvait avoir pour fleur des flammes aussi vives que celles décrites ? – et venant caresser la scène enfermée à l’intérieur de ceux-ci.  Aussitôt il laissa échapper un cri aigu et recula précipitamment, en proie à une vive panique.

   Il trébucha sur l’un des éclats de l’autel qui avait contenu le Coffre et chut. Le bruit de sa chute se mêla à celui de son cri, résonnant pendant ce qui sembla être une éternité avant de se dissoudre dans une nouvelle secousse de la terre.

   Lentement, Fae’lin se redressa puis se tourna vers la créature qui se tenait toujours auprès de l’autel, rivant sur lui un regard empli de flammes et de flots tourmentés. Il hésita, craignant ce qu’il venait de découvrir, mais se décida tout de même à avancer.

   Lorsqu’il fut à nouveau auprès de l’autel, il leva les yeux jusqu’à plonger son regard dans celui de l’être qui se tenait devant lui – cet être dont il avait senti la représentation sur la fresque de pierre et dont il savait maintenant qu’il était bien plus qu’une simple créature magique. Alors, conscient de la peur et de l’effarement qui se mêlaient dans sa voix, il demanda

-          Qui êtes-vous ?

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