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SarannelStories
28 juin 2012

Chimère

A sa place se trouvait un être dont l’apparence stupéfia Fae’lin. Jamais il n’avait vu pareille créature, elle ne ressemblait à aucun des animaux de la forêt qu’il rencontrait lors de ses promenades avec son grand-père, mais plutôt aux chimères qui peuplent les contes qu’on raconte aux enfants elfelins avant le coucher. Elle était grande, au moins autant que les statues qui auréolaient la salle principale du temple, et Fae’lin devait lever la tête pour la voir en entier. Le bas de son corps était celui d’un cheval, comme envahi par une matière végétale, créant des irisations vertes sur le crin blanc. Là où aurait du se trouver une tête de cheval, les yeux de Fae’lin trouvèrent le buste d’un félin, au pelage sombre, qui laissait paraître des reflets d’or aux mouvements que faisait la créature en respirant. Ses bras étaient ceux d’un primate, aux longs doigts fins et dotés d’ongles dont le jeune elfelin ne doutait pas qu’ils avaient la dureté du granit. Son visage laissa Fae’lin sans voix, il ne pouvait détacher son regard des yeux de la créature, qui semblaient irradier un savoir et une sagesse millénaires. Ils brillaient d’une lueur blanche au milieu d’un visage à la peau brune, craquelée et épaisse, encadré d’une chevelure composée de végétaux tortueux inconnus du jeune elfelin.

Fae’lin sursauta lorsque la créture s’adressa à lui, d’une voix qui aurait presque pu être douce et féminine, si elle n’était doublée d’un écho caverneux qui résonnait dans l’enceinte du temple.

- Suis-moi. Et elle se dirigea vers la Chambre des Dieux de la Terre, pièce que Fae’lin ne connaissait que de nom, puisque seuls les priants du temple pouvaient y accéder.

-Attendez ! La créature se retourna, plongea son regard perçant dans celui du petit elfelin, qui du réunir tout son courage pour demander :

-Où est passé mon grand-père ?

L’être ne répondit pas, mais Fae’lin sentit déferler sur lui une vague de sentiments qu’il identifia instinctivement comme ceux de la créature, tant ils étaient puissants. Le besoin impérieux de parler à ce jeune survivant de la catastrophe, la nécessité pour ce faire de prendre possession d’un organisme vivant, la décision d’utiliser le vieil elfelin. Le doute quant à ses chances de survie après avoir fourni tant d’énergie à un être infiniment plus grand et complexe. Fae’lin pris peur à l’idée que l’être puisse lui insuffler ses sentiments, qu’il aie si facilement accès aux mouvements de son cœur, mais se dit qu’il valait mieux pour son grand-père qu’il agisse vite, et il emboîta le pas de la créature dans la Chambre des Dieux.

A leur entrée dans la pièce, le sol trembla à nouveau, faisant vaciller la flamme magique que contenait une vasque de verre placée au centre. Les ombres s’étirèrent dans les recoins du plafond, donnant aux fresques représentant les monstres qu’affrontaient autrefois les Dieux de la Terre une allure encore plus terrifiante, l’imagination du jeune elfelin se chargeant d’animer d’un souffle de vie temporaire les visages figés dans la pierre. Fae’lin évita de les regarder, et concentra toute son attention sur l’être qui l’accompagnait. La créature se pencha sur l’autel qui trônait au pied de la plus grande fresque sur le mur du fond, passa ses longues mains sur la pierre usée par le temps, et un instant plus tard la dalle recouvrant l’autel éclata, révélant une cavité creusée dans la pierre formant la base du monument.

L’être fit signe à Fae’lin de s’approcher, lui désignant une boîte en bois gisant au fond de l’autel. Il resta figé à côté de la vasque de lumière, tremblant à l’idée de s’approcher si près de la créature.

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