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SarannelStories

5 août 2012

COMING SOON...

Les réponses d'Aranel aux deux contes, partie en vacances loin de la technologie!

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1 juillet 2012

Les trois chapeliers et le rossignol - Chapitre I

Les Trois Chapeliers et le Rossignol

 

   Il était une fois, dans les terres lointaines situées au Nord du monde, par-delà les monts les plus haut et la mer la plus vaste, un royaume isolé en haut d’un immense plateau de glace. Le plateau s’étendait sur des lieues et des lieues de part et d’autre du château royal, et son immensité était telle qu’aucun des habitants du royaume n’en avait vu le bord depuis maintes générations. Ils ne recevaient jamais de visite des peuples des terres extérieures, aussi en étaient-ils venus à conclure qu’il n’existait rien au-delà du royaume, et que le monde devait sans doute se terminer en un endroit mythique que l’on nommait la Vallée – bien que le sens de ce mot se soit perdu depuis bien longtemps.

   Le royaume était une terre du froid, et sa population n’avait jamais connu d’autre saison que l’hiver, de sorte qu’ils s’étaient accoutumés au climat et s’accommodaient fort bien de températures que le reste du monde – s’il eût connu l’existence du plateau – eût qualifié d’inhumaines. Si extrêmes étaient les conditions que rares étaient les animaux vivant sur le plateau, et plus rares encore ceux qui n’étaient pas rudes et rendus disgracieux par de longs siècles d’accommodation face au froid.

   Seuls subsistait encore, sous forme de légendes, l’évocation de quelques créatures merveilleuses d’un passé oublié – gravures étranges sur des bas-reliefs de temples oubliés ou dessins imprécis dans des grimoires antiques, tous témoins d’un temps mythique et d’êtres qui tenaient bien plus de la légende que de la réalité.

   La plus admirée de ces créatures était nommée le Rêve-de-lune, un oiseau rarissime de petite taille, au plumage peu chamarré – pour des raisons de protection, supposaient les rares grimoires qui évoquaient cette créature – mais au chant d’une incomparable beauté. Il était dit que celui qui entendait ce chant par une nuit de lune claire entrait en une transe profonde dont il ressortait doté d’une grande sagesse et d’un état de quiétude absolu. Aussi appelé Oiseau de la Sagesse ou encore, selon les restes d’écritures trouvés dans des sites antiques, Rossignol, il n’était connu que sous forme de créature fabuleuse, issue de contes pour enfants, et rares étaient ceux qui croyaient en son existence.

   Le Roi était de ceux-là. Depuis tout jeune, il n’avait rêvé qu’à une chose : chercher ces animaux merveilleux afin de les voir et de les dessiner. Au fil des ans, ses précepteurs avaient fait de lui un futur monarque compétent, lui enseignant les valeurs de patience et de bonté nécessaires à un souverain bienveillant, mais malgré la place grandissante prise par ces leçons, il demeurait au fond de son cœur une flamme aussi vive que tenace : le désir de trouver ces êtres – et en particulier le mythique Rossignol, dont l’unique gravure qu’il en avait vu lui avait inspiré des songes merveilleux.

28 juin 2012

La Fresque

   Comme si elle lisait dans ses pensées, celle-ci se tourna vers lui et sa voix résonna dans l’antique sanctuaire.

-          As-tu peur, jeune elfelin ?

   Fae’lin hocha la tête imperceptiblement.

-          Alors tu es plus sage que ton âge le laisserait supposer. Craindre l’inconnu n’est pas une honte, pas plus que ne l’est la crainte de son ennemi. Mais il te faut surmonter ta peur. Tu dois ouvrir le Coffre. »

   L’elfelin tremblait. Hésitant, il leva les yeux vers l’être qui le dominait de toute sa taille. Il chercha le visage étrange, si doux et si terrible à la fois, et son regard rencontra celui de la créature.

   Bien qu’elle se tînt parfaitement immobile, ses yeux brillaient d’une flamme mystérieuse et ne cessaient de scruter les ténèbres, comme à la recherche d’une menace invisible. Fae’lin suivit son regard mais ne vit rien d’autre que les ombres tourbillonnantes. Ca et là, une étincelle passagère, surgissant du néant, illuminait un motif inconnu gravé dans les parois rocheuses du temple. Dans l’éclair évanescent, l’elfelin croyait discerner des formes merveilleuses, s’entrelaçant en une fresque immense, encerclant parfois, comme avec amour, des scènes figées, souvenirs de temps immémoriaux et des batailles depuis longtemps oubliées.

    Fasciné, le petit être fit un pas hors du cercle de lumière que suscitait la vasque iridescente.

   L’être qui avait pris possession du corps de son grand-père riva son regard sur lui, mais il l’ignora, poussé par un désir aussi soudain qu’irrésistible. Plongeant dans les ombres, il s’approcha de la fresque qu’il avait cru entrapercevoir un bref instant, éclairée par l’une des éphémères étincelles. Loin de l’éclat de la vasque de lumière, il peinait à en discerner le tracé, toutefois en tendant la main il sentait le grain de la pierre sous ses doigts. La pierre avait une âme, il le sentait, et une histoire. Il sentait son incroyable ancienneté, témoin vivante d’un âge depuis longtemps disparu. Il vit, l’espace d’un infime instant, le monde tel qu’il avait été à l’époque de sa construction : plongé dans le chaos, subissant les ravages d’une guerre telle que le monde n’en avait jamais vu et n’en reverrait plus – jusqu’au Jour de l’Aube Noire.

   Ses doigts glissèrent plus bas, quittant les entrelacs de plante gravée -  de quelle plante il s’agissait, Fae’lin n’aurait pu le dire, car quelle plante pouvait avoir pour fleur des flammes aussi vives que celles décrites ? – et venant caresser la scène enfermée à l’intérieur de ceux-ci.  Aussitôt il laissa échapper un cri aigu et recula précipitamment, en proie à une vive panique.

   Il trébucha sur l’un des éclats de l’autel qui avait contenu le Coffre et chut. Le bruit de sa chute se mêla à celui de son cri, résonnant pendant ce qui sembla être une éternité avant de se dissoudre dans une nouvelle secousse de la terre.

   Lentement, Fae’lin se redressa puis se tourna vers la créature qui se tenait toujours auprès de l’autel, rivant sur lui un regard empli de flammes et de flots tourmentés. Il hésita, craignant ce qu’il venait de découvrir, mais se décida tout de même à avancer.

   Lorsqu’il fut à nouveau auprès de l’autel, il leva les yeux jusqu’à plonger son regard dans celui de l’être qui se tenait devant lui – cet être dont il avait senti la représentation sur la fresque de pierre et dont il savait maintenant qu’il était bien plus qu’une simple créature magique. Alors, conscient de la peur et de l’effarement qui se mêlaient dans sa voix, il demanda

-          Qui êtes-vous ?

28 juin 2012

Chimère

A sa place se trouvait un être dont l’apparence stupéfia Fae’lin. Jamais il n’avait vu pareille créature, elle ne ressemblait à aucun des animaux de la forêt qu’il rencontrait lors de ses promenades avec son grand-père, mais plutôt aux chimères qui peuplent les contes qu’on raconte aux enfants elfelins avant le coucher. Elle était grande, au moins autant que les statues qui auréolaient la salle principale du temple, et Fae’lin devait lever la tête pour la voir en entier. Le bas de son corps était celui d’un cheval, comme envahi par une matière végétale, créant des irisations vertes sur le crin blanc. Là où aurait du se trouver une tête de cheval, les yeux de Fae’lin trouvèrent le buste d’un félin, au pelage sombre, qui laissait paraître des reflets d’or aux mouvements que faisait la créature en respirant. Ses bras étaient ceux d’un primate, aux longs doigts fins et dotés d’ongles dont le jeune elfelin ne doutait pas qu’ils avaient la dureté du granit. Son visage laissa Fae’lin sans voix, il ne pouvait détacher son regard des yeux de la créature, qui semblaient irradier un savoir et une sagesse millénaires. Ils brillaient d’une lueur blanche au milieu d’un visage à la peau brune, craquelée et épaisse, encadré d’une chevelure composée de végétaux tortueux inconnus du jeune elfelin.

Fae’lin sursauta lorsque la créture s’adressa à lui, d’une voix qui aurait presque pu être douce et féminine, si elle n’était doublée d’un écho caverneux qui résonnait dans l’enceinte du temple.

- Suis-moi. Et elle se dirigea vers la Chambre des Dieux de la Terre, pièce que Fae’lin ne connaissait que de nom, puisque seuls les priants du temple pouvaient y accéder.

-Attendez ! La créature se retourna, plongea son regard perçant dans celui du petit elfelin, qui du réunir tout son courage pour demander :

-Où est passé mon grand-père ?

L’être ne répondit pas, mais Fae’lin sentit déferler sur lui une vague de sentiments qu’il identifia instinctivement comme ceux de la créature, tant ils étaient puissants. Le besoin impérieux de parler à ce jeune survivant de la catastrophe, la nécessité pour ce faire de prendre possession d’un organisme vivant, la décision d’utiliser le vieil elfelin. Le doute quant à ses chances de survie après avoir fourni tant d’énergie à un être infiniment plus grand et complexe. Fae’lin pris peur à l’idée que l’être puisse lui insuffler ses sentiments, qu’il aie si facilement accès aux mouvements de son cœur, mais se dit qu’il valait mieux pour son grand-père qu’il agisse vite, et il emboîta le pas de la créature dans la Chambre des Dieux.

A leur entrée dans la pièce, le sol trembla à nouveau, faisant vaciller la flamme magique que contenait une vasque de verre placée au centre. Les ombres s’étirèrent dans les recoins du plafond, donnant aux fresques représentant les monstres qu’affrontaient autrefois les Dieux de la Terre une allure encore plus terrifiante, l’imagination du jeune elfelin se chargeant d’animer d’un souffle de vie temporaire les visages figés dans la pierre. Fae’lin évita de les regarder, et concentra toute son attention sur l’être qui l’accompagnait. La créature se pencha sur l’autel qui trônait au pied de la plus grande fresque sur le mur du fond, passa ses longues mains sur la pierre usée par le temps, et un instant plus tard la dalle recouvrant l’autel éclata, révélant une cavité creusée dans la pierre formant la base du monument.

L’être fit signe à Fae’lin de s’approcher, lui désignant une boîte en bois gisant au fond de l’autel. Il resta figé à côté de la vasque de lumière, tremblant à l’idée de s’approcher si près de la créature.

27 juin 2012

Fae'lin

  

 

 

   Le sol trembla. Le petit être leva les yeux vers son aîné, réprimant un frisson.

-          Tu es certain qu’Il ne peut pas nous trouver ici ? » La voix trahissait l’angoisse de son possesseur.

-          Non mon garçon. Pour rusé et puissant qu’Il soit, pas même Lui ne peut entrer en ce lieu. » Cette voix-ci était plus calme, chargée d’ancienneté et de patience, toutefois une ombre planait derrière les paroles rassurantes.

-          Mais pourquoi grand-père ? Quelle magie pourrait résister contre Lui ? Il a dévoré Sha’bassa !

   Le vieil être ferma les yeux, comme atteint d’un seul coup par des siècles de lassitude. Les images de la veille défilaient dans sa tête, auréolées des flammes de l’incendie dans l’obscurité de ses paupières closes. Le village – les maisons, les champs, le sanctuaire. Tous partis en flamme. Sha’bassa, la vieille sorcière, avait tenté de s’opposer à Lui, érigeant des barrières d’aether et traçant des runes protectrices sur les murs de toutes les maisons du village, ne s’arrêtant jamais un instant pour se reposer.

   Toutefois lorsqu’Il était arrivé, rien de cela n’avait servi. Leur sorcière était pourtant réputée comme étant l’une des meilleures de la région, mais elle avait été impuissante à arrêter l’ennemi. Il avait ri lorsque les barrières s’étaient déclenchées, couvrant son cuir épais de faisceaux lumineux chargés de pouvoir mortel – un rire que le vieil être n’oublierait jamais. Puis il avait fait un geste de la main, et tous les bâtiments du village s’étaient embrasés violemment, enfermant la sorcière dans un cercle de feu.

   Le vieillard rouvrit les yeux, tentant de chasser les visions de ce qui s’était ensuivi, mais la scène restait figée dans sa mémoire, aussi nette et tranchante qu’un éclat de diamant. Il vit, pour la millième fois en quelques heures, l’Être traverser les flammes, semblant n’éprouver aucune douleur. Puis il Le vit tendre la main vers la Sha’bassa, et celle-ci s’élever dans les airs sans résister. Alors Il s’approcha et engloutit la sorcière dans sa mâchoire démesurée.

   Le vieil être se ressaisit.

-          Oui, il l’a dévorée, et pourtant elle était une des Puissantes. Mais il est des pouvoirs par-delà notre monde, Fae’lin. Ce temple, par exemple, fut érigé par les Dieux de la Terre, avant qu’ils ne disparaissent. Une partie de leur pouvoir demeure encore, et tout puissant qu’il soit, Lui ne peut se mesurer au pouvoir d’un dieu. Aussi sommes-nous en sécurité tant que nous restons dans l’enceinte de ce temple.

-          Mais grand-père, nous ne pouvons rester ici pour toujours !

   Le sol trembla à nouveau. Fae’lin pâlit et jeta un regard vers l’entrée du temple, cachée dans l’obscurité à quelques pas de là. Les secousses se faisaient de plus en plus fortes et fréquentes.

   Cherchant quelque réconfort, le petit elfelin se retourna vers son grand-père.

   Celui-ci avait disparu.

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